Aujourd'hui, le temps est gris. C'est un fait bien triste à annoncer, pour ne pas dire inintéressant. On commence beaucoup trop souvent les histoires par « il pleut » ces derniers temps; pourtant, il est vrai. Il pleut sur le sud. Ce n'est pas encore grand-chose, comparé à d'habitude, mais Mazette, elle sait que cela ne va pas durer ainsi. Elle sait que des torrents vont se déverser sur sa tête. Elle n'a pas vraiment envie de rester dehors, Mazette, avec son imperméable rouge et ses yeux fatigués à force des les plisser pour mieux observer. Elle sait que bientôt, ce sera un mur de pluie qu'elle aura devant les yeux, et que rien ne passera à travers de celui-ci. Alors voilà, elle veut rentrer, Mazette. Elle n'a pas envie de rester là, mais alors absolument pas. Elle s'ennuie, de toutes façons, rien ne se passe ici. C'est calme, tranquille – peut-être trop; elle ne sait pas, ne l'espère pas.
Aujourd'hui, le temps est pourri. C'est ce qu'elle se dit. Il y a cette lourdeur qui prédit les orages. Elle ne sait pas si finalement, elle sera plus mouillé par cette pluie ou par sa propre transpiration. Il fait chaud, sous cette tenue. Il fait lourd, ça la fatigue. Elle est épuisé, Mazette, elle aimerait bien des lunettes. Celles contre le soleil ne sont pas très utiles aujourd'hui. Elle en voudrait des noirs, pour soulager son regard. Ses yeux la font tellement souffrir, après tout. Mais c'est son rôle, alors elle ne se plaint pas. Elle ne dit rien, reste droite et marche. Oui, elle marche, Mazette, elle avance et se décide à rentrer chez elle. Ce n'est pas très sérieux, elle le sait, mais elle ne va quand même pas se mettre en danger, si ?
Aujourd'hui, le temps est lourd. Que ce soit celui du ciel, ou celui des aiguilles, il est lourd. Tout semble étouffant, trop lent. Même elle. Mazette, elle a l'impression de marcher au ralenti, et que la pluie aussi. Pas marcher, non, mais tomber, s'écraser. Elle sait pas trop, Mazette, si c'est juste une impression ou non. Elle n'y fait pas vraiment attention. Quand ses pieds s'écrasent dans les flaques, l'eau se relève si lentement pour finalement retomber aussitôt. C'est juste une impression – elle en est persuadé. C'est le temps naturel des choses.
Aujourd'hui, le temps est lent. Elle prend trop de temps, Mazette. Elle est trop lente. C'est probablement la fatigue. Elle ne se sent pas bien. Elle se sent en danger. Elle se sent épiée. C'est elle qui épie, pourtant, pas les autres, pas eux, pas ceux mythes dont parle les rumeurs, pas ces vulgaires regroupement de gens. Elle ne sait même pas s'ils sont là actuellement. C'est juste une impression, en fait. Elle a le cœur qui bat un peu plus fort, d'ailleurs, et les lèvres qui se serrent finement.
Elle ne comprend plus le sens du monde, Mazette.
Elle en a gros sur la conscience, de choses qui ne la concernent pas vraiment. Elle est devenue docile, aux mains des autres. Elle est devenue terne, morose. Elle n'est plus vraiment vivante, ou un peu trop. Elle ne sait pas, ne le saura probablement jamais. Mais Mazette, elle sait qu'elle respire, que le souffle vif, coupé, ou lourd, ça montre qu'on existe. Elle sait que la douleur est une sensation que d'autres n'éprouvent pas. Elle sait, dans un sens, Mazette, ce que c'est qu'être humain. Sauf que non. Elle n'est pas vraiment humaine, Mazette, elle est bénie des cieux. C'est diffèrent – tu comprends ?
Et elle y pense, y pense tout le temps.
Mazette n'est guère concentrée, vous savez. C'est une ruine dans des ruines, Mazette, un cadavre qui reste visible mais sans âme. Et généralement, Mazette ne croise personne – pas même des morts. Pourtant, aujourd'hui, le temps est gris. Le temps est pourri. Le temps est lourd. Le temps est lent. Et Mazette aussi. Lorsqu'elle aperçoit cette silhouette, elle prend du temps à réagir. Elle se met en garde, hésite, s'interroge, mais se rapproche, morose. Elle a peut-être bien fait, elle le connaît. Blake. Assis sur les des ruines d'un trottoir, près d'un lampadaire qui peine à fonctionner et qui ne cesse de clignoter.
Elle ne dit rien, Mazette. Elle est plus douée pour observer que pour parler. Alors, elle attend. Elle attend qu'il lui explique, qu'il lui dise ce qu'il fait là, sous cette pluie sans sens. Il n'y a pas de logique à cela, mais il n'y en a nul part.
pour endymion ♡
Jeu 26 Juil - 16:44
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réincarnation d'orphée, pleure des pétales quand elle est heureuse, bénédiction de perséphone.
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asuka s. langley, evangelion || madelaine petsch (d'arty, dévo, alba)
music ; Le moral dans les chaussettes, le coeur au bord du précipice, prêt à cracher sur le bitume le poids de sa vie qui n'est pourtant qu'une esquisse ; Blake ne se sent pas bien, pas dans son assiette, pas dans le monde où il souhaite se trouver. Une cigarette nichée aux bords des lèvres et la tête coincée dans un étaux, le jeune homme reste là, assis en dessous de ce lampadaire auquel il est adossé depuis plusieurs heures ; il oublie peut-être Blake que cela fait des années qu'il est là. Il est bloqué ici, bloqué là-bas, bloqué où qu'il aille. Se massant la nuque dans un ultime geste de réconfort qu'il est obligé de s'infliger à lui-même, le jeune homme scrute les environs ; constate avec quel mépris les passants peuvent bien lé toiser, rire de lui, de sa condition de clochard ((est-ce qu'il ressemble à un chiot abandonné et trempé ?)) Non. Son regard n'est pas celui d'un garçon peiné, loin de là. Blake, il a beau connaître l'enfer depuis qu'il est venu au monde, il reste néanmoins fier de ce qu'il est, de ce qu'il accompli, même si personne n'est là pour le féliciter ((il n'y a pas de raisons de l'applaudir de toute façon.)) Vivre ou mourir ? C'est le dilemme crucial qui s'offre chaque jour à lui ; mais la réponse est toujours là même ; survivre, à n'importe quel prix. Même si la vie est une chienne, Blake se doit de survivre, de surpasser les imprévues, de passer outre les aléas qui peine, qui assomme, qui crève.
Il ne sait pas quand est-ce que je le carnage à commencer ; quand est-ce que sa rage à finie par le consumer ; ce n'est pas qu'il a oublié, juste qu'il ne souhaite pas s'en rappeler. Il a trop souvent contempler le reste du monde qu'il en a parfois oublié de vivre sa vie et non pas la regarder défiler dans les yeux d'autrui. Blake, il a élucidé tellement de choses qu'il en a omis de vivre et c'est peut-être ça qu'il paye aujourd'hui. Depuis toujours il constate le mépris des gens, leur hypocrisie, leur caprice d'indécis, leur connerie d'imbécile fini à la pisse… Blake n'est pas si différent d'eux, lui aussi se fait juge, lui aussi se fait accusateur ((à la seule différence qu'il n'est point un moralisateur.)) Avec son honnêteté tranchante et radical, il est souvent rentré dans le tas, il n'a pas hésité une seule seconde à cracher sa haine, celle qui lui ronge les entrailles et qui lui retourne les artères. Mais rien, ça ne change rien, dire les choses ou gueuler n'a jamais servit à quoi que ce soit ; les gens sont toujours aussi indifférent à son existence ; il n'est rien. Il n'est qu'une esquisse, une feuille plisser que le vent referme malgré qu'elle cherche à se déployer. Blake, il aurait aimé prendre son envol avant d'être totalement privé de sa liberté ; il aurait aimé tant de chose et finalement… ? Il est là, assis la tête baissée, la mâchoire serrée et le coeur calciné, sous ce lampadaire qu'il ne se rappelle jamais avoir quitté.
Qu'est-ce qu'il peut faire Blake pour changer les choses ? Pour changer sa condition ? Il n'en sait rien, il n'a pas les réponses ; alors il se laisse empêtré comme un gamin, à bouder dans son coin, à rager comme un abrutis ; beaucoup trop salé pour ce monde peuplé d'connard hypocrite. Le coeur n'est pas soulagé, sa rage ne l'a toujours pas quitté et sa clope à moitié calciné, lui rappelle que la pluie battante est présente et pleure de concert avec lui. C'est tellement ironique ; Blake est véritablement pathétique. Et pourtant, il ne peut pas s'empêcher de sourire malgré ses lèvres qui tressautent ; les nerfs lâchent, les émotions s'enchaînent ; tout part en vrille. Mais te voilà, qui apparaît comme par magie ; toujours au bon moment pour lui faire éviter les abysses. Sa tête relevée, le regard sans doute plus éloquent que les mots ; Blake ne sait pas quoi te dire. Briser la glace lui semble bien difficile, sa mélancolie coinçant la mélodie blasée qu'est sa voix naturelle ; il doit faire un effort, il doit parler, dire quelque chose, n'importe quoi. « Quoi ? T'es surprise de me voir ? Tu devrais pas, j'suis le chien errant qui squatte le trottoir d'puis bien trop longtemps. »
Ne le plaint pas Mazette, hors de question ; n'éprouve aucune pitié. Contente toi de sourire, ou même de ne rien dire ; fous toi de sa gueule si tu le veux, cela pourrait décrisper les traits de son faciès. Eblouis le de ta présence, illumine son existence ; mais ne reste surtout pas enfermé dans le silence. Blake il est paumé, tout autant que toi sans doute ; toi aussi t'es bloquée comme lui Mazette ? Soit heureuse, il faut mieux être deux plutôt que seule pour surmonter les épreuves.
Elle ne sait pas pourquoi il dit cela, pourquoi il s'exprime ainsi, à devoir se justifier. Se justifier, c'est différent de s'expliquer. Elle ne veut pas les petits pourquoi, elle veut plutôt le gros, celui dont découlent les justifications. Mais elle n'a rien demander, Mazette, alors c'est bien normal si Blake s'exprime ainsi; elle ne peut s'en prendre qu'à elle-même, Mazette, parce qu'elle n'a rien demander. Elle préfère regarder son visage, l'explorer. Il n'a pas l'air bien. Cela se voit visuellement, mais aussi au ton de sa voix. Par politesse, elle pourrait détourner le regard, le laisser craquer s'il le désire. Elle n'en fait rien. Ses yeux ne bougent pas, immobiles billes. Ses lèvres, par contre, ont ce don unique de pouvoir s'écarter afin de mieux s'exprimer – Blake – pour mieux se taire après.
Mazette, elle n'ose guère bouger. Pourtant, elle était bien décidée à rentrer chez elle, mais Blake lui fait un peu pitié. Il va finir gelé, si ce n'est emporté par les futurs torrents, pour ne pas dire noyé par cette pluie qui ne saurait tarder avant de se renforcer. C'est une de ces situations ou quelques propositions se présentent à elle, mais que Mazette n'a aucune envie de prononcer. Elle connaît un peu Blake, Mazette, mais pas trop quand même. Elle sait que parfois, elle n'est pas assez concentré à cause de lui, à cause des dieux, et que cela n'est pas quelque chose d'acceptable. Mais elle sait aussi, Mazette, que Blake n'est pas quelqu'un de méchant, qu'il ne mérite aucune colère de sa part. Mais, Mazette, doit-elle lui donner un quelconque signe d'amitié, de confiance ?
Elle a juste dit son prénom, Mazette, et depuis une éternité semble s'être écoulée. Une éternité, c'est long, c'est lent, et c'est épuisant. Elle soupire, elle baisse les yeux, regardent ses pieds, qui seront sûrement trempés malgré ses chaussures. Elle inspire, regarde autour d'elle. Il n'y a personne, ici. Il n'y a rien, pas d'abri. Elle en connaît un, elle, Mazette, mais elle ne sait pas si elle a envie de l'y amener. Elle ne sait pas si c'est une bonne idée.
Alors, elle reparle, Mazette, elle reprend. Blake, où te dirigeais-tu ainsi ? vers un rhume certain, il n'y avait guère d'autres réponses. Dois-je t'y emmener, dois-je t'y guider ? Dois-je te pleurer ? Te sourire ? T'apprécier ? Te croire ? Dois-je te montrer, Blake ? Elle lève son bras et pointe une direction. Vers là-bas, c'est la zone ouest. C'est assez loin à pieds, tu sais. Tu finiras forcément trempé, si ce n'est malade. Tu pourrais aussi glisser et te faire mal dans ces ruines, si ce n'est te perdre. Elle s'arrête, dans un calme imperturbable. Les yeux de Mazette sont de nouveau posés sur Blake. La pluie ne cesse. Blake. Elle a l'impression que si elle ne dit pas ce prénom, il ne comprendra pas qu'elle lui parle, à moins que ses paroles ne soient happées par le bruit des gouttes qui s'écrasent de plus en plus bruyamment. Que viens-tu faire par-ici, Blake ? Car même les chiens errants savent que tous les lieux ne sont pas bons pour rôder. Elle ne bouge toujours pas, Mazette. Elle ne compte pas le faire tant qu'elle ne saura pas les intentions du blond. Il est probablement venu ici sans aucune destinations, ni raisons. Elle préfère être sûre, juste au cas où, Mazette, parce qu'elle veut bien faire les choses.
pour endymion ♡
Dim 29 Juil - 12:31
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