if i was you i'd wanna be me too (croatoan)

gemme corindon, gemme d'une dureté incroyable, que seule le diamant pourrait peut-être casser, briser, fêler. c'était quelqu'un, croatoan; autrefois, sûrement. il était en haut de la société, si fort et tant aimé. on murmurait sans nom, ô roanoke, gemme aux milles sourires et rires. il ne cachait pas son visage, croatoan, marqué par le corindon, qui n'a jamais arrêté de briller au soleil.

perte de fragments croatoan n'était déjà plus un enfant. il était bien grand, fort et puissant. pourtant, les souvenirs sont partis, portés disparus, avant même la grande guerre. il n'y a pas participé, croatoan, car son visage, brisé, ne savait plus où regarder. il en a perdu, des fragments, il en perdra encore, probablement. pourtant, il cache sa gemme, précieuse et sublime, qui repose sur son visage. il la protège sous ce masque, parfaitement adapté aux formes si particulières de son visage. il a appris à s'adapter, croatoan. il a bien appris, avec le temps.

votre avis sur l'Ordre : la gouvernance actuelle des Terres vous convient ?
aucune gouvernance ne convient, et probablement aucune ne conviendra jamais. il n'est pas dupe, croatoan, il sait que la politique est inutile, et que seuls la raison du pouvoir compte, non pas la population. parfois, il lui vient de rêver que la raison du cœur serait plus forte que celle des armes, mais quelle tendre idiotie.

avez vous connaissance des autres affiliations ? que pensez vous de celles-ci ?
il se tait.

que pensez vous des différentes races présentes sur les Terres ? vos relations sont-elles bonnes ?
une race comporte des visages, les yeux sont la porte de l'âme. croatoan ne fait guère de racisme et frôle de ses mains, tactiles au possible, tout ceux qui passent près de son regard.

que pensez vous des Dieux ?
ils sont grands, les dieux. ils sont forts, les dieux. mais ils sont absents. ce ne sont que des lâches, ces dieux, bien qu'il s'agit là de lâches respectés. croatoan les aime, croatoan les hait. croatoan est un homme, et de ce fait, il se permet de douter.

croatoan,
ce n'est rien ni personne;
c'est n'importe quoi, croatoan, mais aussi n'importe qui. ce sont des choses qu'il fait et qu'on ne comprend pas, mais aussi des paroles lancées qu'on ne suit pas. croatoan, c'est cela. c'est quelques particules de non-sens dans un esprit enfantin. c'est un être un peu stupide aux premiers abords, si ce n'est jusqu'aux derniers. c'est l'incompréhension, c'est l'étrange, si ce n'est l'autre. il n'a besoin de rien pour planer dans sa tête, si ce n'est de sa tête elle-même. parce que croatoan, c'est comme un avion. il va trop vite et trop haut pour qu'on le rattrape. alors il nous échappe. on ne comprend pas ce qui se passe dans les engrenages de son cerveau, et parfois on se demande si on en sera un jour capable. tantôt il réfléchit trop, tantôt il ne réfléchit pas. on n'y voit pas la différence, car ses mots sont toujours aussi flous, pleins d'expressions colorées. c'est ça, après tout, le monde de croatoan. ce sont des couleurs qui explosent à l'intérieur de son crâne, c'est un univers qu'il veut faire partager. des rêves d'enfants, qu'il ne veut pas voir brisés. alors il se raccroche et parfois, il confond la réalité et le fond de sa pensée. on lui dit, on lui explique, mais ce n'est pas grave. croatoan, il aime le monde qu'il côtoie plus que celui qu'il ne voit. croatoan, il s'aime un peu cassé, comme le disent les grandes personnes qui ne le comprennent pas. parce que du haut de ses six cent ans, croatoan, c'est encore un enfant. il a refusé de grandir, impuissant face au stoïcisme du monde. il a refusé de grandir, désireux de s'échapper à la politique et aux conflits.
le monde est beau,
ou tout du moins le sien.
sourires taquins, blagues au cœur. le sérieux, ce n'est et ça ne sera jamais pour lui. c'est la légèreté qui prône, roanoke. de la douceur, de la tendresse et beaucoup de bonne humeur, ainsi que de bonheur. c'est tout ce qu'il demande, lui. c'est peut-être un peu pour cela, qu'il conte au monde des histoires, des légendes que nul n'est censé croire aujourd'hui. il fait danser ses mots sans arrêt, sans pauses, ni préjugés. et de son visage si étrange, de ce masque parfois si absurde, il accompagne ses paroles. les péripéties sont rejouées, par lui et lui seul.
car il ne sait faire cela, croatoan.
jouer.
mais cela, c'est un mensonge, croatoan.
il déteste cela, ce monde qui le rend las, le blase. roanoke, il en a marre. il s'énerve de plus en plus, apercevant la décadence de la réalité que même ses rêves ne peuvent plus cacher. il en a juste assez. il juge de son regard, celui qui reste inchangé malgré le masque qu'il ne retire jamais, comme si cela allait servir à quelque chose. cela n'a pas d'effet, si ce n'est qu'il transforme tout cela dans sa tête, métaphorisant les personnes qui le choquent, le dégoûtent. il dessine ces monstres qui se cachent dans les placards, mais il le fait avec son esprit. il les déguise, les travesti, jusqu'à ce qu'il n'y ai plus que l'envie de rire. parce qu'il est émotif, croatoan, avec son cœur sur la main. il est sensible à la brutalité des mots et des gestes, traumatisé par les violences. et il ne se retient pas. il se cache seul pour se laisser aller. alors, parfois,
croatoan,
il pleure.
il y a ses larmes qui coulent le long de ce masque qu'il n'ose plus retirer. il pourrait le faire, l'enlever, mais derrière ce dernier, il se sent protégé. alors, il s'est persuadé qu'il s'agit de son unique peau, de son seul visage. il se déshumanise, car c'est si dur d'être humain.
c'est si compliqué.
bien trop compliqué.
et croatoan,
croatoan n'a jamais signé pour cela.
(((jamais)))

pas même une fois.